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La cession de titres à un prix inférieur à leur valeur vénale soulève deux enjeux fiscaux distincts : l’acte anormal de gestion du côté de la société cédante et la taxation de la décote du côté du manager bénéficiaire.
Deux décisions récentes (CE, 2 juill. 2025, n° 497011 et CAA Lyon, 13 août 2025, n° 24LY02635), ainsi que le BOFiP du 23 juill. 2025 (BOI-RSA-ES-20-60), permettent de mieux cerner les règles applicables.
Lorsqu’une société cède des titres à un prix minoré, l’administration peut présumer un acte anormal de gestion et réintégrer l’écart dans le résultat imposable.
Mais la jurisprudence récente a précisé la manière d’analyser la normalité de l’opération.
Le Conseil d’État considère que lorsqu’un prix minoré résulte d’un engagement contractuel antérieur (promesse de vente, convention, package), il faut apprécier la normalité au jour de la promesse et non à la date de la cession.
Deux voies permettent alors d’écarter l’acte anormal de gestion :
Dans cette affaire, une société avait promis en 2011 de céder des titres à son directeur général à un prix fixé alors que la filiale était en difficulté.
En 2015, à la levée de l’option, la valeur avait été multipliée par 7.
La Cour a jugé que la cession n’était pas un acte anormal de gestion :
👉 En résumé : la plus-value ultérieure, aussi forte soit-elle, est indifférente ; c’est la rationalité économique initiale qui compte.
Si la société peut être protégée du grief d’acte anormal de gestion, le bénéficiaire (manager ou dirigeant) n’échappe pas à l’imposition.
L’administration fiscale précise :
« Le gain résultant de l’acquisition de titres à un prix inférieur à leur valeur réelle à leur date d’acquisition ou de souscription est hors champ du régime de l’article 163 bis H du CGI et constitue un avantage imposable comme un salaire. »
👉 En clair : la décote est toujours imposée comme avantage salarial, même si elle était justifiée pour la société cédante.
Le principe est acquis : la décote est taxable. Mais le fait générateur de l’imposition reste source d’incertitude :
👉 Cette incertitude crée une insécurité pratique, qui devrait être clarifiée dans le PLF 2026.
Ces règles ont une incidence directe sur les management packages à prix décoté :
👉 Ce double régime crée un paradoxe : ce qui est considéré comme normal et rationnel pour la société peut être lourdement imposé pour le manager.
La fiscalité des management packages et des cessions de titres à prix décoté illustre bien la complexité du droit fiscal français :
⚖️ Prudence donc : documenter rigoureusement le contexte des promesses, anticiper la taxation de la décote, et suivre les évolutions à venir, notamment le PLF 2026.